Energies fossiles et renouvelables

L’essor du pays a généré des besoins que les centrales en fonctionnement ne parvenaient pas à satisfaire pleinement. Ses capacités, notamment éoliennes et photovoltaïques ont fait du renouvelable une alternative recherchée.

Photo : Ferme photovoltaïque. Le renouvelable devra bientôt fournir 20 % de l’énergie produite au Sénégal.

L’énergie, sa fourniture et sa distribution font partie des priorités du gouvernement. Avant que ne se réalisent les projets renouvelables, en cours de construction, le gouvernement s’était engagé dans des opérations de mise à niveau qui ont considérablement amélioré la situation. Conscients de la charge, à la fois financière et environnementale, que représente le fait que 80 % de son électricité provienne d’énergie fossile, les pouvoirs publics ont profité de cette remise à plat pour encourager le développement des énergies renouvelables qui devraient, à l’horizon 2018, fournir 20 % de cette même production d’électricité, soit environ 260 mégawatts (MW). Toutes les formes seront requises, éolien, solaire, biomasse, mais aussi hydraulique. L’hydraulique, qui contribue déjà à hauteur de 50MW à la production nationale avec le site de Manantali sera complétée par des envois des centrales de Félou, Gouina (Mali) et autres, réalisés dans le cadre des organisations pour la mise en valeur des fleuves Sénégal et Gambie (OMVS et OMVG) dont le Sénégal fait partie. Senelec a, de plus, lancé des appels d’offres concernant toutes les autres formes d’énergie renouvelable.

Le gouvernement, qui s’est fixé comme objectif d’assurer l’approvisionnement en énergie du pays en quantité suffisante, dans les meilleures conditions de qualité et de durabilité et à moindre coût, fait donc largement appel au renouvelable, pour atteindre, à l’horizon 2017, un taux d’électrification de 70 % (95 % en milieu urbain et 50 % en milieu rural). Actuellement, l’essentiel de la production d’électricité est le fait de centrales thermiques fonctionnant au fioul. Elle devra être diversifiée, en tenant compte des possibilités du charbon et du gaz. Les coûts de production sont encore élevés et l’ambition des autorités est de parvenir à 80 francs CFA/kWh à l’horizon 2018. Les réseaux sont vétustes et le territoire faiblement maillé, des extensions et rénovations sont prévues. Trois centrales au charbon, d’une capacité totale de 645 MW doivent progressivement prendre le relais de l’actuelle production des centrales diesel et turbines à gaz, en fait alimentées par du carburant, faute de gaz suffisant au Sénégal.

Solaire, l’énergie du futur

Avec une irradiation solaire de 1 850 à 2250 kWh/m2 par an, le pays dispose d’un potentiel important. Celui de l’éolien est moyen, notamment sur la grande côte avec des vitesses moyennes de vents de 65 mètres par seconde. La puissance installée cumulée atteint 4MWc (MegaWatt Crête) soit 0,7 % de la puissance totale.

L’ambitieuse politique de l’État, qui vise à développer un mix énergétique offre une grande variété d’opportunités d’investissement. Sont concernés : les infrastructures de transport et de distribution, mais aussi les projets portant sur des énergies renouvelables (solaire, biomasse, éoliennes, etc.), l’hydroélectricité, les biocarburants, la construction de centrales ainsi que l’exploration et la recherche tant pour le pétrole que pour le gaz.

Électrification rurale : De grands projets

Les pouvoirs publics se sont engagés dans une vaste opération visant à réduire l’écart entre citadins et ruraux en matière d’accès à l’électricité. Actuellement, le taux du moyen d’électrification du pays est de 54 %, se répartissant comme suit : 90 % en zone urbaine et 24 % en zone rurale. L’objectif est d’atteindre un taux global de 60 % en 2016. Parmi les grands projets sur lesquels travaillent le ministère de l’Énergie et l’agence sénégalaise de l’Électrification rurale (Aser), la réalisation de 2 454 kilomètres de ligne moyenne tension en milieu rural.

On note aussi la réalisation de mini-réseau basse tension et systèmes photovoltaïques décentralisés de près de 2 240 villages.

Renouvelables: l’exemple de Bokhol

C’est à Bokhol, à la frontière du Sénégal avec la Mauritanie, que GreenWish Partners construit actuellement Senergy II, le premier grand projet solaire du pays.

Senergy II, centrale photovoltaïque d’une puissance de 20 MW, donnera accès à l’électricité à près de 200000 personnes et contribuera à l’objectif de doublement de la capacité installée de production électrique du Sénégal (725 MW selon le ministère de l’Énergie). Il permettra de réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles et d’éviter l’émission de 25000 tonnes de CO2 par an. La centrale sera raccordée au réseau électrique nationale troisième trimestre de 2016 pour un investissement de 25 millions d’euros.

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Le solaire est la solution la plus adaptée pour réduire la part des énergies fossiles au Sénégal.

Quelles sont les ambitions de GreenWish Partners pour l’Afrique subsaharienne ?

GreenWish Partners est une société d’investissement spécialisée dans les infrastructures d’énergie renouvelable qui se donne pour mission de constituer un portefeuille diversifié de 600 MW d’actifs renouvelables en Afrique subsaharienne sur les cinq à six prochaines années dont 150 MW de projets solaires sur les deux prochaines années.

Nous ciblons principalement les pays dans lesquels les énergies renouvelables proposent une solution pérenne et compétitive pour pallier le déficit et le coût d’approvisionnement en électricité élevé. Sur cette base, nous comptons déployer à horizon 2022 des actifs solaires photovoltaïques, éoliens, biomasse et hydrauliques dans une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne avec un focus au cours des deux prochaines années sur la technologie solaire photovoltaïque. Notre stratégie d’investissement se veut inclusive avec, d’une part, la participation d’investisseurs internationaux et africains dans le financement des opportunités d’investissement à travers un véhicule dédié, libellé en francs CFA et, d’autre part, l’association de toutes les parties prenantes (État, sociétés nationales d’électricité et populations) au bénéfice économique, environnemental et social des projets.

Quelle place y tient le Sénégal ?

Le Sénégal tient une place de choix dans notre stratégie d’investissement pour la production d’électricité de génération solaire et apporte une réponse compétitive au coût actuel élevé du mix énergétique. De plus, le solaire photovoltaïque constitue la solution la plus adaptée et rapide pour réduire l’exposition du pays aux importations de combustibles fossiles à destination de la génération électrique, ceci compte tenu du niveau particulièrement élevé d’irradiation solaire sur l’ensemble du territoire sénégalais. Il faut également souligner une forte volonté politique en faveur de la promotion des énergies renouvelables du Sénégal.

La situation géographique, la stabilité politique et le cadre réglementaire du Sénégal sont également des facteurs qui justifient le choix de Dakar par GreenWish comme base pour l’extension de ses activités à toute la sous-région UEMOA et Afrique de l’Ouest.

Pouvez-vous nous décrire Senergy 2 ?

Le projet Senergy 2 porte sur la construction d’une centrale solaire photovoltaïque d’une capacité 20 MW près de la ville de Dagana, plus précisément dans la commune de Bokhol. L’infrastructure sera raccordée au réseau de la Senelec en septembre 2016 et représentera 2,5 % de la capacité de génération actuelle du pays et 4 % des capacités opérées en propre par Senelec. La production annuelle de Senergy 2 donnera accès à l’électricité à près de 200000 personnes et permettra d’éviter 25000 tonnes d’émissions carbone par an. Outre son financement privé, hors budget de l’État, Senergy 2 représentera pour le gouvernement une économie estimée à 2,9 milliards de francs CFA par an sur les coûts de subvention et d’approvisionnement en combustibles.

Vous travaillez au Sénégal depuis de longs mois, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette collaboration ?

L’enthousiasme accordé au projet Senergy 2 aussi bien de la part du gouvernement et de Senelec, qui nous apportent un soutien considérable sur le projet, que de la part des populations de la commune de Bokhol, avec qui nous avons eu des échanges très fructueux sur leurs attentes en termes de retombées. Le seul point d’ombre à la mise en place du projet a été la durée du processus de négociation du contrat d’achat d’électricité.

Quels conseils donneriez-vous aux investisseurs qu’intéressent les multiples opportunités qu’offre le pays ?

Nous incitons les investisseurs à s’intéresser au Sénégal qui offre un environnement propice au développement des affaires non seulement sur le plan réglementaire mais aussi politique et économique.